Hypnose et écriture automatique

Hypnose et écriture automatique

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Qu’est-ce que l’écriture automatique ? D’où vient cette pratique étrange ? Quel est son intérêt d’un point de vue thérapeutique ? Comment mettre en place une expérience d’écriture inconsciente dans le cadre d’une séance d’hypnose ?

L’écriture automatique ou psychographie, est une technique d’écriture libre et inconsciente. Le processus créatif est libéré des contraintes de l’esprit conscient. Cette technique consiste à laisser le crayon courir sur la page sans interruption pour libérer des idées et des émotions profondes.

Cette technique a été utilisée dans le spiritisme et dans le mouvement artistique du surréalisme avant de devenir une des techniques les plus importantes de l’histoire de l’hypnose.

Le spiritisme est né en France en 1857, grâce à la publication du livre « Le Livre des Esprits » par Allan Kardec (pseudonyme d’Hippolyte Rivail). Le texte postulait que les mediums pouvaient entrer en communication avec les esprits des morts et qu’il était possible de recevoir des messages de l’au-delà.

Le spiritisme s’est rapidement développé et il est devenu un mouvement international, avec des centres en Amérique du Nord, en Europe et en Amérique du Sud.

Dans les cercles spirites, l’écriture automatique est devenue une pratique courante pour communiquer avec les esprits. Les mediums pouvaient entrer en transe et laisser les esprits s’exprimer à travers leur main. Les messages étaient souvent écrits dans une langue étrangère, avec une signature qui correspondait à celle d’un esprit décédé.

Les récits de l’écriture automatique ont été popularisés par des auteurs tels que Victor Hugo, Arthur Conan Doyle et Edgar Allan Poe. Les médiums ont également été examinés par des scientifiques et des psychologues, qui étaient souvent sceptiques quant à la validité des communications surnaturelles.

L’écriture automatique implique une forme de transe ou de méditation, dans laquelle le médium se concentre sur une question ou sur une personne spécifique avec laquelle il souhaite communiquer. Le médium tient un stylo ou un crayon et un morceau de papier, et commence à écrire de manière inconsciente.

Les messages qui en résultent peuvent être variés, allant de simples phrases à des poèmes et des romans entiers. Les messages peuvent également être dessinés plutôt qu’écrits. Les pratiquants de l’écriture automatique croient que les messages proviennent d’une source surnaturelle ou divine.

On la retrouve aussi dans divers mouvements religieux et spirituels, notamment dans le New Age et dans la Wicca, où elle est utilisée comme un moyen de connexion avec une source spirituelle, plutôt que comme un moyen de communication avec les morts.

L’écriture automatique a fait son entrée dans les cercles littéraires au 19ème siècle avec les écrivains et artistes romantiques, comme Victor Hugo et André Breton, qui ont exploré cette technique comme moyen d’expression créative. C’est à partir de la fin du siècle que l’écriture automatique a commencé à être associée à l’hypnose.

Pierre Janet a été un des premiers à explorer le lien entre l’hypnose et l’écriture automatique. En 1889, il a publié un ouvrage intitulé « L’Automatisme Psychologique », qui aborde le sujet de l’écriture automatique et d’autres formes d’expression créative réalisées sous l’influence de l’hypnose. Selon Janet, l’écriture automatique et d’autres formes d’expression peuvent aider les patients à accéder à leur subconscient et à libérer les émotions refoulées.

Un psychologue français, Alfred Binet, a également travaillé sur l’utilisation de l’hypnose pour encourager l’écriture automatique. En 1890, il a mené une série d’expériences dans lesquelles il a hypnotisé un patient et l’a encouragé à écrire sur un sujet donné tout en étant hypnotisé. Binet a noté que l’écriture du patient était plus rapide, plus fluide et plus spontanée lorsqu’il était hypnotisé.

Le mouvement surréaliste, fondé en 1924 par André Breton, est également connu pour son utilisation de l’écriture automatique. Les surréalistes croyaient que l’écriture automatique pouvait aider à découvrir de nouveaux modes de pensée et à créer de manière plus libre et spontanée. Breton a écrit dans son manifeste surréaliste que l’écriture automatique était « le moyen le plus simple d’exprimer le réel  » .

Aujourd’hui l’écriture automatique est plutôt marginale en tant que technique d’hypnose. Elle n’est pas enseignée en formation initiale et il est très difficile de trouver des informations techniques sur sa mise en place et son utilisation en hypnothérapie. Même si le phénomène présente quelques difficultés dans sa mise en place, il reste abordable pour la plupart des sujets.

L’intensité de l’expérience est inégale selon les individus. Certains peuvent être intéressés mais avoir des difficultés. On peut proposer un entraînement à base d’exercices simples, pendant une séance régulière ou dans le cadre d’une prescription de tâche.

Le vécu de l’expérience ainsi que le résultat en terme d’écriture (lisibilité, cohérence, etc…) sont aussi largement influencés par l’hypnotiste, son approche globale, ses croyances par rapport à l’hypnose et à l’écriture automatique, sa conviction, son expérience, etc… La manière dont on présente la technique au sujet va aussi entrer en ligne de compte, ainsi que le cadre dans lequel on l’intègre, le nombre et la durée des séances.

Il y a quelques temps, j’ai eu le plaisir de participer à un atelier en ligne avec deux autres praticiens et nous avons déjà pu constater des différences entre les approches de chacun et les résultats obtenus lors des démonstrations.

Cet échange montre qu’il y a des possibilités d’applications et d’interprétations en nombre illimité, et que cette pratique de l’écriture en état hypnotique peut être d’une grande aide pour se décharger mentalement et émotionnellement, pour accéder à des prises de conscience, pour déverrouiller des blocages ou développer la créativité.

L’expérience peut être orientée sur un axe stratégique spécifique, en suggérant que la session d’écriture va porter sur un ou plusieurs éléments évoqués avant la phase d’hypnose formelle.

Par exemple on peut proposer l’expression d’une émotion, d’un sentiment, d’un souvenir pénible, d’un désir ou d’une ressource particulière.

On peut aussi travailler à l’aveugle, c’est-à-dire sans donner d’autres directives que celles nécessaires à l’hypnotisation et à l’activation du mouvement automatique.

D’une manière générale, si le sujet adhère au principe d’écriture hypnotique, la technique peut être utilisée de façon opportuniste dans la majorité des demandes courantes, sans préparation particulière.

Ça ne veut pas dire que l’écriture automatique est adaptée à tout et pour tout le monde. Mais le processus est universel si on considère le principe de mouvement involontaire, non contrôlé qui permet la décharge émotionnelle et l’émergence d’éléments nouveaux.

Pour des personnes qui seraient un peu frileuses par rapport à la notion d’hypnose et de phénomène incontrôlé, on peut présenter la démarche comme étant une forme d’hypnose partielle, c’est-à-dire que les phénomènes incontrôlés sont limités à une partie du corps, en l’occurrence la main.

Les résultats obtenus seront différents en fonction des sujets, les thèmes abordés pendant le pré-hypnotique, l’influence volontaire ou involontaire de l’hypnotiste, et la manière dont on va « vendre » la technique au sujet.

L’approche n’est pas la même selon la durée et la précision de l’entretien préliminaire, selon qu’on travaille en aveugle ou qu’on cherche à obtenir un résultat prédéfini.

Le fait de raconter une petite histoire sur les origines de l’écriture automatique ou sur les fonctions cognitives de l’écriture, peut avoir une influence considérable sur la mise en place du mouvement automatique, surtout si on donne des exemples de manifestations étranges : Écrire avec sa main gauche pour un droitier, écrire à l’envers ou dans une langue inconnue, le fait de pouvoir discuter de la pluie et du beau temps pendant que la main écrit toute seule, avoir une écriture d’enfant ou qui ressemble à celle d’une personne décédée.

La démarche est ambitieuse, techniquement parlant. La personne peut avoir des appréhension ou un désir de bien faire qui vont générer de la résistance. La personne a besoin d’être rassurée et dirigée.

Je pense que cette technique demande énormément de concentration de la part de l’hypnotiste. On doit mobiliser toute son attention, développer son acuité visuelle, son écoute, son empathie et sa bienveillance pour s’adapter aux réactions du sujet en temps réel. La plus petite réaction doit être remarquée et valorisée et en cas d’absence de réaction, il faut savoir admettre que ça ne fonctionne pas, et que la suggestion n’est pas adaptée.

Des tests de suggestibilité peuvent aider à nous renseigner sur les dispositions du sujet à l’instant t : Mains magnétiques, paupières collées , paralysie du bras, etc…

On peut aussi démarrer « à froid », avec un minimum d’entretien préliminaire et sans donner d’explications particulières. C’est l’approche que j’utilise le plus. C’est une question de cadre, il est tout-à-fait possible de suggérer l’expression d’une émotion spécifique, l’émergence d’une réponse à une question précise, voire que ce qui s’écrit est inspiré par une force extérieure. Ca va dépendre des représentations du sujet et des objectifs stratégiques de l’hypnothérapeute.

Une fois qu’on a donné quelques explications (qui sont en fait des suggestions), on peut commencer à travailler sur la mise en place du phénomène hypnotique. L’objectif est d’obtenir un mouvement automatique de la main qui tient le crayon, et éventuellement d’obtenir des réponses inconscientes sous forme de symboles, de mots, voire de phrases complètes. C’est un processus complexe qui nécessite une attention soutenue et un certain lâcher-prise au niveau du mouvement.

Une bonne façon de démarrer, c’est de demander au sujet avec quelle main il préfère écrire. La plupart des gens utilisent leur main dominante, certains choisissent l’autre main, peu importe.

Pour favoriser l’apparition du mouvement automatique, on a besoin d’un sujet actif. L’hypnose peut avoir un effet narcotique chez certaines sujet. Il est donc préférable d’éviter les suggestions de relaxation et d’endormissement.

Pour marquer le passage à l’hypnose formelle, on peut proposer au sujet de tenir le stylo avec la main de son choix, le bras levé horizontalement, comme flottant au-dessus de la feuille. Ainsi on évite que la personne s’avachisse en prenant appui sur son coude.

Quand la personne est en position, on a plusieurs possibilités pour enclencher le mouvement.

Généralement je commence par l’approche la plus simple et si le sujet a des difficultés, ce qui est fréquent, j’ajoute des suggestions jusqu’à obtenir un mouvement non contrôlé.

L’approche la plus simple en terme de suggestions, c’est de faire des prédictions.

Par exemple:

« Vous allez simplement fermer les yeux et respirer calmement. Dans un moment, je vais compter jusqu’à 10 et quand je dirais 10, la main va bouger et descendre sur le papier pour tracer quelque chose. Je ne sais pas quoi, je ne sais pas pourquoi… 1.2.3.4.5.6.7.8.9.10..maintenant « .

Ce genre de suggestion très simple et très directe a l’avantage de communiquer explicitement le résultat attendu. Si le sujet est bien préparé avec des pré-suggestions et que la suggestion est formulée avec du rythme et de la conviction, ce sera suffisant pour la plupart des sujets.

Ensuite il reste à attendre, avec une attitude confiante, qu’il se passe quelque chose.

Dans l’idéal, la main devrait commencer à bouger, descendre et tracer quelque chose, pas forcément des lettres. Ca peut être des symboles ou des gribouillis. Peu importe tant qu’il y a un mouvement incontrôlé. On peut faire préciser le tracé avec des suggestions ou simplement encourager le mouvement tel qu’il se présente selon le contexte et les objectifs de la session d’hypnose.

Parfois, il arrive que la main ne bouge pas mais que le sujet ressente quelque chose de particulier, une sensation étrange, des images ou autre. On ne peut pas le deviner donc c’est intéressant de rester en contact verbal avec la personne, pour savoir ce qu’elle vit et s’y adapter en temps réel.

Parfois, il arrive qu’il ne se passe rien. Le sujet ne présente aucune réaction notable au bout de trente secondes à une minute. Les causes peuvent être nombreuses et variées. Peut-être que la suggestion n’est pas adaptée, peut-être que c’est la démarche qui ne convient pas, peut-être qu’il y a des peurs ou des résistances. Quoi qu’il en soit, c’est important de dédramatiser la situation et de rassurer la personne, en lui disant que c’est normal, ça prend un peu de temps pour qu’une idée se concrétise, on a le temps, tout va bien.

Pour faire descendre la pression, on peut proposer une courte pause en demandant à la personne de fermer les yeux pendant un moment., et ensuite recommencer avec la même suggestion, en prenant un plus de temps.

On peut aussi lui proposer de recommencer en changeant de main ou en gardant les yeux ouverts , avec un autre stylo ou dans une autre position. On peut se déplacer pour lui laisser plus d’espace. Parfois, il suffit de changer un seul élément du contexte pour lever une résistance.

Si ça ne suffit pas, on peut ajouter des consignes et des suggestions pour faire diversion. Souvent des résistances apparaissent parce que les sujets sont trop focalisés sur leurs réactions.

Par exemple, on peut mettre l’autre main en catalepsie ou en lévitation, pour disperser l’attention et augmenter l’effet de saturation mentale. On peut aussi demander au sujet de fixer un point ou bien suggérer que les paupières vont s’alourdir et rester collées.

On peut aussi demander à la personne de fermer puis d’ouvrir les yeux en synchronisation avec la respiration. Par exemple en ouvrant les yeux sur les inspirations et en les fermant sur les expirations. Pendant que la personne est saturée d’informations, on peut placer la suggestion d’écriture automatique.

S’il ne se passe toujours rien, et ça peut arriver, il est possible de faire appel à l’imagination du sujet. Par exemple, on peut lui demander : « s’il y avait un système qui dirige votre main à votre place, ça ressemblerait à quoi, comment ça fonctionnerait? » .

Et donc au bout d’un moment, normalement, il se passe quelque chose. La main bouge et commence à écrire, dessiner ou gribouiller. C’est très variable d’une personne à l’autre. Le plus souvent c’est assez illisible mais c’est sans importance. Ici, le processus est plus important que le résultat en termes de production écrite. En l’occurrence, dans un premier temps, il s’agit de démontrer que l’hypnose existe, qu’elle produit des effets intéressants et qu’elle est accessible pour le sujet.

Ensuite, la question qui va se poser, c’est que faire maintenant qu’on a une ébauche de mouvement autonome ? Faut-il diriger la personne, ou bien est-ce préférable de ne pas intervenir? Faut-il chercher à rendre l’écriture plus lisible et cohérente ou peut-on se satisfaire d’un gribouillis informe? Faut-il que la personne comprenne ce qu’elle écrit ? Faut-il que ça ait un sens?

Ca fait beaucoup de « faut-il  » et on n’en finirait pas d’énumérer les questionnements qui peuvent se présenter pendant une session d’hypnose. Mais il n’y a pas de réponses définitives à base de « il faut ». Les réponses à ces questions sont toujours contextuelles.

Tous les éléments du discours hypnotique doivent avoir un sens et dans l’idéal, ils doivent avoir le même sens pour l’hypnotiste et pour la personne hypnotisée. Les suggestions qui sont proposées doivent aussi être suffisamment précises pour être prises en compte, et aussi suffisamment permissives pour que le sujet puisse garder son autonomie. L’équilibre est difficile à trouver et il se réajuste en permanence.

Il est donc de la première importance d’être capable d’écouter la personne et d’aborder la séance avec la plus grande disponibilité mentale possible. Est-ce que la personne cherche à comprendre ou à rationaliser quelque chose? Cherche-t-elle une réponse à une question précise ? Ou bien s’agit il d’une démarche de libération émotionnelle ? Quelles sont les attentes de la personne concernant l’hypnose ? C’est à partir de ces questions que l’hypnotiste va pouvoir préciser ses objectifs techniques par rapport à la lisibilité du lettrage et à la cohérence du texte.

On a tout un éventail de possibilités selon qu’on travaille de manière plus ou moins directive. Il n’y a pas de règle stricte à ce niveau. Certaines personnes ont besoin d’être dirigées et d’autres ont besoin d’espace dans leur transe. Là encore, l’écoute est primordiale. On dépasse le niveau de l’écoute active pour aller vers l’écoute profonde.

L’écoute profonde va bien au-delà de la simple compréhension des mots. C’est une attitude d’écoute totale, sans interférences de la pensée construite, sans intentions, jugements ou arrière-pensées. Nous écoutons avec tout notre corps, en prêtant attention à la voix, à la respiration et aux tensions corporelles de l’autre. Nous écoutons les émotions qui se cachent derrière les mots, nous écoutons le rythme et le silence afin d’atteindre une synchronisation parfaite entre les deux personnes. Parfois, cette écoute approfondie crée une impression étrange, caractéristique de l’hypnose, où l’on vit une expérience presque télépathique.

D’une manière générale, à partir du moment où on a obtenu le mouvement automatique, il n’est pas indispensable de diriger l’expérience. On peut tout-à-fait s’en tenir à un rôle de témoin en posant quelques questions pour garder le contact : Comment ça se passe, comment vous sentez-vous, avez-vous besoin de quelque chose, etc…

Les ratifications et les encouragements sont toujours bienvenus. Par ratification, on entend généralement le fait de faire remarquer au sujet ce qui se passe. Il peut s’agir d’une tension, d’un changement dans la respiration, d’un spasme, de larmes ou de sourires. Dès que quelque chose se passe, c’est une ouverture pour placer une suggestion, poser une question ou simplement encourager la personne.

Pendant la transe, le sujet n’a pas conscience de tout ce qui se passe. Par ces signalements qui peuvent sembler anodins, on démontre en permanence qu’on est avec la personne, disponible et attentif, que tout est normal, et surtout qu’on reconnaît l’engagement de la personne dans la démarche. L’enjeu est de valoriser l’expérience et les réactions du sujet aux suggestions.

Les gens ont souvent une sorte d’anxiété de performance par rapport à l’hypnose, ce qui peut générer de la résistance. Ils ont besoin d’être écoutés, rassurés et dirigés, qu’on leur donne des instructions simples et accessibles.

Ce qui peut être intéressant, c’est de faire plusieurs expériences d’écriture automatique au cours de la même séance. Sur une heure de temps, par exemple, on peut passer jusqu’à 10-15 minutes pour la mise en place du phénomène hypnotique et une fois qu’on y est arrivé, c’est facile de refaire deux ou trois expériences de 5 minutes. Avec l’effet de fractionnement, chaque expérience devient plus intense que la précédente. En fonction du temps disponible, on peut explorer plusieurs aspect de la demande.

Par exemple, imaginons une personne qui souffre d’une phobie de la voiture consécutive à un accident de la route. On peut proposer une première expérience d’écriture automatique centrée sur le mouvement, sans tenir compte du contenu. Quand le processus est bien en place, on peut proposer une deuxième expérience sur l’accident et la décharge émotionnelle. Enfin on peut suggérer une troisième expérience sur l’objectif, la situation idéale, la projection dans un avenir positif.

Chaque expérience peut aussi faire l’objet d’une séance complète, si la situation l’exige. Tous les problèmes ne peuvent pas être résolus en une seule séance. Peu importe, ce qui compte, c’est qu’on peut utiliser cette approche en suivant une stratégie ou progression logique particulière, et pour toutes sortes d’applications différentes.

Les gens viennent nous voir avec des demandes variées et parfois difficiles à cerner précisément. Qu’il s’agisse de problèmes personnels, émotionnels ou de tout autre défi, une chose est commune : la dimension irrationnelle, émotionnelle et indicible qui les accompagne. C’est ici que l’écriture automatique s’avère être une méthode adaptée à ces situations. Lorsqu’une personne est en état d’hypnose, les barrières de la logique consciente peuvent se dissiper. L’écriture automatique permet alors de canaliser et d’exprimer ces pensées, émotions et désirs profonds qui peuvent être difficiles à verbaliser autrement. En laissant la main se déplacer librement sur le papier, sans la contrainte de la raison ou du contrôle conscient, cette technique permet de donner une voix à l’inexprimable, de révéler des informations enfouies et d’explorer les profondeurs de l’esprit inconscient. Ainsi, l’écriture automatique offre une voie d’expression libératrice et thérapeutique pour aborder les dimensions irrationnelles, émotionnelles et indicibles que nous rencontrons lors de nos séances d’hypnose.

Pendant une séance d’hypnose, il est fréquent de voir les personnes « craquer « . Parfois dès les premières minutes de l’entretien préliminaire, parfois pendant l’induction, parfois après la transe. La personne vit une expérience pénible mais libératrice, elle a besoin d’être accompagnée et rassurée.

Ca peut faire l’objet d’un premier enchaînement de suggestions. Quand la personne commence à écrire (on dira plutôt que la main écrit), on peut orienter le processus en disant, par exemple, que la personne va pouvoir laisser la main se déplacer librement, comme si elle se laissait diriger par le mouvement, et que pendant quelques minutes, ça va être comme une phase d’apprentissage et d’appropriation du processus. Au bout de ces quelques minutes, le mouvement va se préciser et des lettres vont apparaître, puis des mots. Ensuite il reste à encourager la personne en valorisant ses réactions : très bien, exactement comme ça, de plus en plus facilement, de plus en plus librement, etc…

Si la personne réagit bien aux suggestions, c’est-à-dire que le lettrage se précise tout en gardant une certaine qualité de mouvement involontaire, on peut suggérer que la main va commencer à écrire à l’envers, ou avec une écriture d’enfant, ou celle d’une tierce personne. Tant que le sujet continue à réagir aux suggestions, on peut augmenter progressivement la difficulté. Pour des sujets particulièrement suggestibles, on peut avoir différentes formes d’écriture, parfois dans des langues différentes, avec les deux mains, à l’endroit ou à l’envers. Dans ces conditions, il est possible de proposer un dialogue interne à travers un travail d’écriture avec les deux mains et des formes d’écriture différentes. Il y a peu de sujets avec qui c’est possible mais quand c’est le cas, les résultats peuvent être saisissants.

Pour la plupart des sujets, surtout s’il s’agit d’une première expérience de l’écriture automatique, on obtient souvent des hachures ou des tracés plus ou moins réguliers, un peu comme des relevés d’électrocardiogramme. Et c’est un résultat qui est tout-à-fait exploitable.

A partir du moment où on peut affirmer que « la main écrit « , on peut proposer que les émotions, les tensions, les questionnements, les blocages, les ambivalences, les pensées, etc.. vont se décharger ou se diffuser, se libérer, à travers le mouvement de la main, que le mouvement va monter en intensité jusqu’à ce que tout soit évacué ou apaisé et que la main s’arrête d’écrire.

Pour faciliter le processus, on peut ajouter des repères temporels. Le fait de situer les suggestions dans le temps les rend plus acceptables et faciles à exécuter pour le sujet. Ces repères temporels concernent le démarrage d’une tâche et sa durée.

Par exemple, plutôt que de dire  » la main va écrire « , on peut proposer  » Dans un moment, je vais compter jusqu’à 10 et à 10, la main commencera à écrire. 1..2..etc.. »

Quand la main commence à bouger, on peut dire  » la main va écrire pendant 5 minutes et au bout de 5 minutes, la main s’arrêtera ».

Ensuite, quand le mouvement d’écriture est en place, quelle que soit la qualité du résultat sur le papier, on peut préciser et orienter le travail avec des suggestions plus ou moins spécifiques.

Il peut s’agir d’une direction très générale, par exemple en disant que l’inconscient est à l’œuvre et qu’il fait exactement ce qu’il faut par rapport à ce qui a été évoqué pendant l’entretien préliminaire.

On peut être plus précis, par exemple en disant que le processus d’écriture va permettre de libérer telle émotion ou tel blocage.

On peut aussi présenter les choses sous forme de questions : de quoi vous avez besoin, pourquoi c’est important pour vous, comment ce serait si vous pouviez, etc… et laisser les réponses apparaître dans la transe.

Enfin, on peut proposer, dans certains cas, que tout ce qui va s’écrire va être dicté par quelqu’un ou quelque chose. Ce quelqu’un ou ce quelque chose peut être l’inconscient, ou une partie de soi, une personne réelle vivante ou décédée, une personne fictive, ou encore une version plus jeune ou plus âgée du sujet. Il peut s’agir d’une entité, d’une âme, d’un esprit, ou d’un écho provenant d’une vie antérieure voire d’un univers parallèle. Ca peut être une émotion ou un besoin personnifié. Les possibilités sont nombreuses et il est relativement simple de proposer une expérience qui corresponde à la sensibilité ou aux croyances de la personne accompagnée.

Concernant ces approches, et plus particulièrement quand on aborde les vies antérieures et la communication avec les défunts, il convient d’être vigilant pour ne pas encourager la personne à entretenir des faux espoirs ou créer des faux souvenirs. Ce genre d’expérience comporte des risques et les personnes qui nous consultent sont souvent vulnérables. Ce qui se passe pendant une expérience hypnotique n’est pas la réalité même si certains phénomènes peuvent être extrêmement réalistes. Il est donc essentiel de prendre un peu de temps sur la fin de la séance, pour que la personne puisse partager son expérience si elle le souhaite. Les retours des sujets peuvent être extrêmement instructifs. Il y a souvent un décalage entre le vécu de l’expérience et ce qu’on observe de l’extérieur. Certains sujets ont des « flashes » , pour d’autres ce sont des souvenirs ou des émotions intenses. Souvent, de nouveaux éléments apparaissent et la personne sort de l’expérience avec une sensation de calme et de fatigue physique. Dans tous les cas, ces expériences sont souvent profondes et perturbantes. L’hypnotiste doit prendre soin de bien « ramener  » la personne dans l’état d’éveil et s’assurer qu’elle soit en état de conduire, travailler, etc… avant de la laisser partir.

Pour conclure cet aperçu sur l’utilisation de l’écriture automatique en hypnothérapie, on peut dire que c’est un outil puissant, relativement simple à proposer et transposable dans la plupart des demandes courantes. Il y a un certain nombre de précautions à prendre mais les résultats peuvent être impressionnants. Certainement, le plus important n’est pas ce qui apparaît sur le papier, mais le processus en lui-même, l’expérience du mouvement incontrôlé, du lâcher-prise, de la dissociation hypnotique et des réponses inconscientes. L’hypnose et l’écriture automatique sont des processus d’apprentissage plus ou moins autonomes. Le rôle de l’hypnotiste est d’accompagner la personne plutôt que de la diriger.

En conclusion, l’utilisation de l’écriture automatique dans le cadre de l’hypnose permet aux hypnothérapeutes de maîtriser les aspects essentiels de cette méthode, tels que la voix, le langage du corps, la distance, la posture, l’acuité visuelle et l’écoute profonde. Les expériences vécues dans ce processus peuvent être intenses, souvent empreintes d’émotions et de prises de conscience profondes. Par cette pratique, nous retournons aux origines de l’hypnotisme, en mettant l’accent sur les phénomènes physiques spontanés plutôt que sur les visualisations et les techniques d’influence. L’écriture automatique ouvre ainsi de nouvelles perspectives dans le domaine de l’hypnose, en révélant la puissance et la profondeur de l’esprit humain.

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